Précédemment : Lola a rencontré Esteban qui lui a fait passé une soirée inoubliable. Elle est désormais prête a profiter de son célibat.
Jeudi 15 août 2024 - 10h
Le nez sur mon téléphone, je tente en vain de passer le temps en faisant défiler le contenu d’un réseau social.
« Lola? »
Je sursaute et lève les yeux rapidement afin de vérifier que cette voix appartient à celui à qui je pense. Évidemment, mon chef est bien là, debout face à moi.
M. MATCOMBES est un grand homme d’un certain âge au regard rieur et aux cheveux mi-long. The longueur de cheveux a la mode ici! Sa prestance impressionnante et son calme olympien en font une personne très respectée par ses employés mais également par les habitants de cette ville. Il me regarde de ces yeux sombres.
« Oui Patrick, que puis-je faire pour vous? » lui dis-je avec un grand sourire, qui, je l’espère, va racheter mon manque de professionnalisme flagrant.
« Rien ma petite Lila mais vous devez poser des congés durant votre contrat cet été. Que diriez-vous de poser la semaine prochaine ? ».
Il me sourit chaleureusement et ma tension redescend doucement.
Soulagée, je fronce les sourcils et réfléchis donc à sa proposition. Patricia m’a dit qu’elle avait quelques jours la semaine prochaine et l’idée de passer du temps ensemble me ravit.
« Oui ça m’irait mais puis-je vous confirmer? »
« Bien sûr. Redites-moi rapidement. Et également, je voulais vous proposer de prolonger votre contrat pour le mois de septembre. Il me manque quelqu’un. »
« Euh… »
Rallonger mon contrat? Cette proposition me laisse perplexe. D’un côté, j’aimerais rester un peu plus mais de l’autre, cela réduirait considérablement mes chances de retourner chez Willsmart. Est-ce que j’ai envie de retourner chez eux?
« Vous n’êtes pas obligé de me répondre maintenant. Partez en congés et on verra après. » m’interrompt Patrick.
« Okay. Je vous redis pour la semaine prochaine. »
Toujours en me questionnant sur la prolongation de mon contrat, j’envoie un SMS à Patricia pour la semaine de congés.
Patricia vient d’une grande famille qui vit dans un camping dont ils sont propriétaires. Mon père était employé dans ce camping quand il était jeune. Il est devenu très ami avec celui de Patricia et ainsi, nous nous sommes connues. Pendant quelques années, Patricia y a travaillé et j’y ai passé une bonne partie de mes étés pendant mon enfance et mon adolescence. Mes parents travaillaient et ne pouvant s'occuper de nous la journée, mon frère était gardé par mes grands-parents, ma soeur allait chez notre tante qui avait une fille du même âge et moi je partais dans le Sud Ouest rejoindre mon amie. Des étés qui ont rempli ma mémoire de beaux souvenirs.
Ce petit camping de 80 places fait travailler une bonne partie de sa famille : mère, père, grands-parents et son cousin… Vivien. Il venait régulièrement quand il était enfant et nous avions déjà joué ensemble petits. Mais à 14 ans, j’ai grave craqué pour lui. Il venait pour la première fois travailler dans l’entreprise familial. Il avait 18 ans. Toutes les adolescentes du camping lui faisaient les yeux doux. Il me protégeait comme un grand frère et me rassurait les soirs d’orage. Il aimait aussi nous trimballer dans les soirées avec ces potes. Bref, nous formions un beau trio. C’était une bonne époque où je ne me souciais pas des problèmes qui font la vie d’adulte. Plongée dans mes souvenirs, je me fait réveiller par les vibrations incessantes de mon portable. Patricia, impatiente d’avoir mon accord, me harcèle de messages en tout genre mais tous destinés à me convaincre.
Je lui réponds donc avec enthousiasme. Il n’y a rien de plus attirant qu’une semaine de retour à mes souvenirs.
Vendredi 16 août 2024 - 15h43
Depuis hier, Patricia trépigne d’excitation et c’est donc logiquement survoltée qu’elle a demandé à terminer plus tôt pour ces petites vacances improvisées.
Patricia est très proche de sa famille. À un tel point qu’il y a 2 ans, elle a décidé de partir du camping pour s’émanciper. Elle me dit souvent avoir fait le bon choix car vivre tous ensemble 24h/24 n’est pas chose facile. Je sais qu’elle a raison. Mon amie est bien trop délurée et sa famille est bien trop rangée pour qu’elle puisse s’y épanouir. Et puis Patricia n’était pas du genre à se plier aux règles familiales, ce qui provoquait des conflits parfois bien bruyants : Une animation phare au camping familial. Malgré tout, elle reste proche de sa famille et celle-ci lui manque. Alors c’est pressées et excitées que nous arrivons au camping « Les joies de la ôte ». Le camping se trouve au milieu d’une forêt où se mélange pins, sables et terre. Une petite fraîcheurs apportée par l’ombre des arbres nous accueille agréablement.
Patricia avance la voiture dans la petite voie en gravier blanc qui mène au camping. Une barrière annonce l’entrée ainsi qu’un petit chalet qui sert d’accueil aux touristes.
Patricia s’arrête et nous descendons de la voiture pour rentrer dans la cabane en bois.
« Maman! »
Valerie, la mère de Patricia se retourne alors et prend Patricia dans ses bras.
« Ohh je suis tellement heureuse de te voir ma caillette! »
« Moi aussi maman! »
Un gros câlin plus tard, Valerie se dirige alors vers moi et me regarde de haut en bas, un air suspicieux sur le visage.
« Et bien dis donc ma petite Lola, tu as bien grandi! »
Comme dans mes souvenirs cette femme est très impressionnante. De taille moyenne, Valerie est une femme brune aux yeux noirs perçants et au regard sévère. Elle a de larges épaules qui imposent le respect à qui se tient en face d’elle.
« Allez sois pas timide gamine, viens dans mes bras! »
Rassurée qu’elle ne veuille pas me manger, je m’exécute donc et j’ai, à mon tour, droit à un long et tendre câlin.
« Ça fait plaisir de te voir »
Puis elle me lâche, me poussant légèrement et retourne à la tache qu’elle avait commencé avant notre arrivée.
« Bon c’est pas le tout les gamines mais j’ai du boulot. Installez-vous dans le bungalow 34. Vivien est entrain de réparer la terrasse. »
Vivien? Mon coeur plein de souvenirs se met à battre fortement dans ma poitrine. Je tente alors de l’imaginer avec presque 10 ans de plus. A quoi ressemble t-il?
Patricia et moi rentrons dans la voiture. La barrière s’ouvre devant nous et Patricia démarre pour nous emmener au bungalow 34. Le camping est assez calme en ce vendredi après-midi. Les familles qui ont fini leur vacances préparent leur départ et les autres doivent profiter d’une bonne baignade en cette chaude après-midi. On entend d’ailleurs au loin le cri des enfants qui jouent au bord de la piscine. Arrivées à la troisième allée, Patricia tourne à gauche et nous entrevoyons le bungalow au bout du chemin. D’ici, je peux déjà apercevoir Vivien qui est accroupi sur la terrasse. Il est torse nu et plus je m’approche plus je peux entrevoir les bienfaits que les années passées ont eu sur lui. Patricia se gare dans la place prévue à cet effet sur la droite de l’emplacement.
Nous descendons alors de la voiture et nous avançons vers Vivien. Je me demande alors si il va me reconnaître. J’ai bien changé depuis la dernière fois qu’on s’est vu.
« Eh Bob le bricoleur ! »
Patricia s’est dirigé vers son cousin qui a des écouteurs sur les oreilles et avec un petit coup de pied, lui a signifié sa présence.
Il lève les yeux alors. Un grand sourire se dessine sur son visage et de petites fossettes viennent se creuser sur ses joues. Vivien est un très bel homme de 32 ans, aux cheveux courts et bruns et aux yeux d’un vert captivant. Une fine barbe est visible sur son menton et au dessus de ses lèvres. Il porte un pantalon de travail avec plein de poches remplies de divers outils. Il se lève et prend Patricia dans ses bras.
« Ça commençait à être long sans toi ici! »
Patricia recule avec un air dégouté.
« Pouah ! Tu transpires beaucoup dis donc! »
Vivien se met alors à rire, allumant ainsi ses yeux et se tourne vers moi :
« Vous devez être une copine de Patricia? »
« Ben sois pas stupide c’est Lola! » lui rétorque moqueuse mon amie.
« Lola ?»
Il a l’air surpris de me voir quelques instants puis à nouveau le sourire se dessine sur ses lèvres.
« Ah mais j’avais pas compris que c’était toi qui venait. »
Il me regarde plus attentivement, ses yeux me détaillant discrètement de la tête aux pieds.
« Tu as changé dis donc. »
Puis il avance vers moi et me prend également dans ses bras.
Je suis surprise et tout mon corps se tend un peu. Quelle manie tous ces câlins ! Il est plus grand que moi et il a en effet bien transpiré. Je peux sentir l’odeur de son déodorant envahir mes narines emmenant avec elle un léger parfum d’homme en plein effort. Ce contact ne me déplaît pas et je me détend un peu.
Vivien se recule :
« Désolé de t’avoir surprise avec mon câlin. Ça fait plaisir de te voir. Je me rappelle des étés ici. J’avais deux cousines pour le prix d’une! C’est cool de vous voir toutes les deux.»
Deux cousines ?! Eh chuis pas de ta famille moi! Ces mots ne correspondent pas vraiment à ce que j’avais en tête plus jeune et à ce que j’ai en tête en voyant ce bel homme face à moi. Amusée donc par l’incroyable capacité des hommes à ne rien voir, je lève les yeux au ciel en lui marmonnant :
« Y a que toi qui voyais les choses comme ça! »
« De quoi? » me demande-t-il surpris.
Patricia vient alors se mettre entre nous deux. Elle est toute excitée et me prend la main pour m’emmener visiter notre habitat de la semaine.
Ce petit mobilhome est parfait pour nous deux. Face à l’entrée, un petit salon avec un canapé et une table. A gauche, une chambre et une petite kitchenette et à droite, une autre chambre et une petite pièce qui fait salle de douche et toilette. Une chambre chacune? Trop bien reçues!
« Et vous avez une table pour manger dehors mais je finis de réparer la terrasse. »
Vivien vient de passer une tête par la porte et nous regarde nous balader dans le mobilhome. Il a l’air heureux de nous y voir et je me réjouis également. Je choisis la chambre de droite et j’y rentre m’effondrer quelques instants sur le lit afin de me reposer un peu. Je ferme les yeux quelques instants. Mes pensées vont vers Vivien et mes souvenirs d’adolescence reviennent. Aah comme il a grandit. Il est encore plus beau que dans mes souvenirs! Je me relève alors et passe un œil par la petite fenêtre qui donne sur la terrasse. Vivien a repris le travail. Il est debout et caresse une planche en bois à la recherche d’éventuel défaut. Je me surprend alors à m’imaginer à la place de cette planche. Je rougis. Il te considère comme sa cousine ma fille! Je me rappelle alors ses mots et sa façon de m’enlacer et un souffle de mécontentement sort de ma bouche. A ce moment-là, je ressens l’excitation d’un petit défi monter dans ma gorge et dessiner sur mes lèvres un sourire espiègle.
(© Ce texte et certaines illustrations sont la propriété de "les Désirs de Lola" et ne peuvent être reproduits ou propagés sans autorisation sous peine de poursuite)