Précédemment : "Ce job me plaît de plus en plus. J'entends Patricia pouffer de rire derrière moi, elle se moque. Je me retourne et la fusille du regard puis nous repartons finir les démarches pour que je puisse travailler ici. Cet été s'annonce vraiment très sympa."
Vendredi 12 juillet 2024 - 13h10
Je suis affalée sur le comptoir d'accueil de l'hôtel où je travaille. Il ne me reste que 20 minutes à tenir. La main sous le menton, je réfléchis sur ce travail d’un ennui mortel. Heureusement, Noah est au bar et il lave le comptoir. Il est vraiment sexy. Je me demande alors ce que ce serait de vivre ici : aller à l'océan le matin, faire des fêtes sur la plage, rencontrer plein de surfeurs comme Noah. Il parle souvent de ces sessions surf avec un des serveurs. Je crois qu’il s’appelle Dimitri mais je ne lui ai pas encore trop parlé. J’ai entendu son nom de la bouche de Patricia. Lui aussi doit faire du surf. Peut-être que tout le monde en fait ici ? J’aime les écouter parler de leur passion. Est-ce que les surfeurs sont tous aussi sexy? Mon imagination s’emballe et alors, les minutes défilent plus vite. J’imagine Noah sur sa planche, torse nu dans sa combinaison et ça m’aide beaucoup à passer le temps. De temps en temps, il lève la tête et me regarde. Je lui souris l’air rêveuse. Et oui je suis là! Il me répond par un sourire, l’œil brillant. Il sait qu’il est beau et il aime ça. Si seulement je pouvais avoir la même assurance. Je le détaille avec plus d’insistance. Aujourd’hui, il porte un t-shirt marin, légèrement serré au niveau des pectoraux. Je peux entrevoir le relief de ces tétons ou du moins je l’imagine. Cette image me fait rougir. Ses cheveux blonds ondulés tombent sur ses épaules de façon un peu désordonnée. Ils doivent avoir le goût de sel et lorsqu’il sourit, il a de légères fossettes. Vraiment craquant!
Brrrr brrrr! Mon portable vibre et je détourne mon regard de Noah.
Voilà deux semaines que je suis arrivée, Patricia m’a emmené dans plusieurs bars et même en boîte de nuit. Elle regorge d’idées pour sortir, c’est une vrai encyclopédie de la débauche. Vais-je devoir danser des danses particulières?
lui envoie-je inquiète.
Donc on va danser en couple, super ! Manquait plus que ça ! Je ne suis pas franchement rassurée par sa réponse. Je manque cruellement de confiance en moi mais je décide tout de même d’accepter sa proposition qui n’en était pas vraiment une. Au moins, cela me donne l’impression de contrôler la situation pendant quelques minutes. Et puis, je suis venu pour m’amuser et tester de nouvelles choses donc lançons-nous!
18h30
Assis sur le canapé de Patricia, un verre de vin blanc à la main, je regarde au loin par la fenêtre. On aperçoit l'océan à l’horizon. Cette vue est magnifique et me plonge dans mes pensées. Je me remémore l’année passée, cette année où ma vie a changé : mes tentatives de retrouver quelqu’un, ce que j’ai appris sur moi, mon nouveau regard sur les hommes. Ah oui les hommes ! Mon regard a changé et pourtant, je n’oses toujours pas franchir le pas. Des fantasmes, des envies, de l’excitation j’en ai mais je n’ai plus vraiment le mode d’emploi. Je ne sais plus comment faire. Aucun homme ne m’a touché depuis des mois et je commence à me demander si cela m’arrivera à nouveau. Et puis je me souviens de ce que m’a dit un jour ma thérapeute :
« La moindre des choses que vous vous devez à vous-même c’est de vous laisser le temps ».
Cette pensée me fait sourire. Montre-toi de la bienveillance un peu putain!
« Déjà à l’apéro? On perd pas de temps je vois! »
Patricia rentre et me surprend dans mes rêveries. Je me détourne de la superbe vue et lui jette un regard en biais teinté de reproches.
« Ça va, ça va! J’ai compris, je m’en sers un et je te rejoins! »
Je souris devant sa façon de réagir et Patricia et moi nous affalons sur le canapé, un verre à la main.
Elle me raconte sa journée. Nous rions de bon cœur. Patricia a le don de raconter les choses d’une manière si théâtrale que n’importe quelle situation banale devient romanesque. J’aime ses récits. Je lui raconte la mienne et emprunte ses mimiques pour essayer de la rendre aussi drôle mais mes journées sont manifestement plus ennuyeuses. Peu importe, j’aime ses instants partagés avec elle. J’ai connu Patricia enfant et tous les étés jusqu’à ce que je m’installe avec Damien, je la rejoignais dans le Sud. Je l’ai longtemps délaissée quand j’étais avec lui et je ne me rendais pas compte à quel point Patricia me faisait du bien. Sa légèreté, son amour libre de toute attente envers moi était une vraie bouffée d’oxygène.
« Bon qu’est-ce que tu vas mettre ce soir ? »
« J’ai une petite robe volante à fleurs qui devrait être pas mal! » lui réponds-je fièrement.
Ses yeux se ferment, elle pince l’arrête de son nez entre son pouce et son index et secoue la tête en guise de désapprobation :
« Tutututtuut ! Ecoute moi bien Lola! Ce soir, c’est bombe fatale! »
« Ben c’est jolie les robes à fleurs. »
« C’est joli », me répond-elle en mimant avec ces doigts des guillemets, « c’est mignonnet! Mais est-ce qu’être choupinette c’est vraiment le but quand on va danser dans un bar cubain chaud bouillant ? »
Elle approche fortement ses yeux froncés des miens, un faux air suspicieux sur le visage. « Telle est la question, n’est-ce pas? ».
Je ne peux m’empêcher de rire et d’acquiescer devant l’expression du visage de ma folle amie. Puis Patricia se lève d’un bon, agitant son doigt pointé.
« Non non non ! »
Dans un rire, Patricia sort du salon et se dirige vers son dressing. Je l’entends au loin.
« J’ai pensé à une tenue pour toi toute la journée. »
Elle fouille et je perçois le bruit des cintres tombant sur le sol un par un. Puis Patricia retourne dans la salle, une robe noire à la main.
« Avec ça, tu vas clairement pas passé inaperçu! »
(© Ce texte et certaines illustrations sont la propriété de "les Désirs de Lola" et ne peuvent être reproduits ou propagés sans autorisation sous peine de poursuite)