Jeudi 26 septembre 2024
Elles sont loins nos vacances au camping des joies de la côte. Août est passé rapidement et a eu l'odeur persistante de mes instants avec Vivien. J’ai l’impression que le temps ici s’est arrêté. Septembre a ralenti la vie côtière. Les clients se font moins nombreux à l’hôtel et le temps est beaucoup plus long. Seuls les retraités et les jeunes couples profitent de septembre mais plus nous avançons dans le mois, plus la ville est désertée. Et autant vous dire que les retraités ne sont pas des clients faciles. Ils râlent beaucoup et leurs exigences sont parfois bien démesurées. Régulièrement, Noah vient me voir quand je m’ennuie pour m’offrir une imitation très drôle de certains d’entre eux. C'est bien la seule animation du moment.
Quant à Vivien, il s’efface de plus en plus de ma tête. Les premiers temps, les images de mes petites vacances me revenaient sans arrêt et réchauffaient douloureusement mon coeur mais le retour au travail, Noah et ses pitreries m’ont fait beaucoup de bien. Petit à petit, ces images sont devenus moins douloureuses et je me sens soulagée de pouvoir tenir mes bonnes résolutions. Pas d’attache, pas de peine!
« Excusez-moi Mademoiselle. Vous me dites si je vous dérange pendant vos rêveries ! Vous les jeunes, vous n’êtes attentifs à rien! »
M. CHARBIN, vieille homme aux cheveux blanc et au visage affuté, tape des pieds impatient devant l’accueil. Il vient d’arriver devant moi mais quelques secondes d’attente pour lui sont déjà inacceptables. Après tout, comme il aime le dire : « je paie pour me faire servir et c’est normal de demander que ce soit bien fait! ».
« Bonjour M. CHARBIN. Que puis-je faire pour vous? » lui répondé-je arborant mon sourire le plus hypocrite.
Noah est derrière le bar et découpe des tranches de citron en prévision des cocktails servis ce midi. Il stoppe ce qu’il était entrain de faire afin d’écouter ce client, déjà catalogué d’emmerdeur par toute l’équipe de l'hôtel.
« Figurez-vous que ma chambre n’a pas été faite ce matin. »
Noah imite alors un air surpris et a mis la main sur sa poitrine pour accentuer son expression. Je ravale un rire que je sens poindre sur mes lèvres et regarde l’heure sur ma montre : 10h15. Je redresse la tête en direction du client.
« Ne vous inquiétez pas M. CHARBIN. Ma collègue n’est pas encore passée mais elle va le faire. »
« Ah bon? D’habitude, je pars déjeuner et en revenant, mon lit est fait et la chambre a été nettoyée. Ça ne m’arrange pas! »
Noah secoue maintenant la tête de droite à gauche avec un faux air exagéré de désapprobation. Ne le regarde pas, ne le regarde pas! Garde ton sérieux!
« Oui je comprend bien Monsieur mais parfois certaines chambres prennent plus longtemps que d’habitude. »
« Oui enfin cela ne m’arrange pas du tout. J’aime prendre ma douche quand elle est propre. Et puis ce n’est quand même pas de mon fait si le personnel n’arrive pas à être ponctuel. »
Noah ne peut retenir ses rires et l’agacement montant est le seul obstacle qui m’empêche de l’imiter. Monsieur CHARBIN, quant à lui, me regarde l’air insistant de ses yeux bleus pénétrant.
« Que voulez-vous que je fasse Monsieur? Le nettoyage des chambres est prévu entre 9h et 12h. C’est noté dans les chambres et nous vous le spécifions à votre arrivée. Il n’est pas encore midi donc ce n’est pas considéré comme du retard. »
« Je ne vais tout de même pas attendre midi pour me doucher? ». Monsieur CHARBIN a un air outré sur le visage, marquant ses rides plus profondément.
« Qu’est-ce qui vous empêche de vous doucher? La douche a été nettoyée hier.» lui dis-je élevant un peu la voix.
Notre échange devenant plus serieux, Noah a retrouvé son calme et me regarde attentivement. Il passe désormais devant le bar, se tenant prêt à intervenir pour me secourir.
« Je ne paie pas pour me doucher dans une douche sale! » me réplique-t-il, les bras désormais croisés sur son torse.
Non mais j'hallucine ! Mon sang me monte aux joues, je commence à perdre patiente.
« Monsieur, il n’y a que vous dans la chambre? »
« Oui. »
« Donc il n’y a que vous qui utilisez la douche? »
« Oui. »
« Donc vous êtes assez sale pour que prendre une douche suffit à la salir au point de ne plus pouvoir vous y doucher? »
M. CHARBIN me regarde circonspect mais je ne lui laisse pas le temps de réagir et je continue.
« Si vous avez pu dormir et déjeuner en étant aussi sale alors je pense qu’attendre une heure ou deux ne va pas vous tuer. »
Dans les dents ! Noah, cette fois, est plié de rire. La surprise et la colère se lisent sur le visage de M. CHARBIN qui a la bouche ouverte mais désespéremment vide. Il semble ne pas savoir quoi me répondre. Je ne le lâche pas des yeux, une air de provocation dessiné sur mon visage. L’affront de la jeunesse certainement! Il tourne alors les talons et part en ronchonnant.
« Espèce de petite insolente. » l'entendè-je marmonner en partant.
Assez fière de mon répondant, je souris a Noah qui s’approche de moi.
« Bien envoyé ! Belle et éffrontée ! J’adore. » me dit-il un clin d'oeil dessiné sur son magnifique visage.
En entendant ces mots, je ne peux m’empêcher de rougir. Noah me souris un air coquin sur le visage et je sens une légère excitation accélérer mes battements cardiaques. Vraiment craquant !
« Ah ah ah tu m’as pas aidé ! Un peu plus et je me tapait un fou rire devant lui! »
« Tu aurais déclenché un scandale! Ah ah ah! » Noah rigole de plus belle. Puis il s’arrête et me regarde à nouveau avec un joli sourire espiègle sur les lèvres.
« Oh fait, tous les ans, le dernier dimanche de septembre - donc dimanche - on organise une fête sur la plage avec les locaux, histoire de fêter le départ des touristes. Ça te dit de venir? »
Une fête sur la plage? Ouah! Je ne sais pas si c’est ma répartie qui m’a fait mériter d’être conviée à cette fête mais je m’en réjouis.
« Bien sûr, avec plaisir. Je peux emmener Patricia? »
« La brune qui vient te voir des fois? »
« Oui. »
« Bien sûr. Je crois que Dimitri la connaît bien. Allez je retourne à mon poste. »
Noah rejoint son bar. Toute excitée a l’idée de participer à une fête sur la plage avec Noah, j’envoie un message à Patricia.
« Pati! Cette fois c’est moi qui t’emmène à une soirée dimanche prochain! Et tu vas trop kiffer! »
Dimanche 29 septembre 2024 - 21h00
Les deux jours qui restaient sont passés très vite et j'ai fini mon contrat à l'hôtel. J'ai quitté les lieux, la nostalgie au ventre. Une période estivale comme je l'ai vécu ne se reproduirait certainement pas. Le terme de mon contrat marquait la fin de cet été qui m'avait offert un nouveau souffle et plein de souvenirs merveilleux. Assise sur le canapé, je repense à mon été et aux rencontres que j'ai eu la chance de faire. J'attend Patricia qui est en train de se faire une beauté depuis plusieurs minutes. On est pas loin d'une heure si vous voulez mon avis! Lorsqu’elle a su où j’allais l’emmener, Patricia a sauté de joie. Comme chaque année, la fête se déroule sur une plage différente. Il est donc difficile de s’y rendre sans y être invité.
Patricia sort enfin. Elle a enfilé une petite robe blanche à volant et a mis une fleur dans ses cheveux qu’elle a joliment ondulés version sortie de plage. Elle a vraiment mis le paquet !
« Ouah la bombe! On dirait une vahiné! » Patricia rougit et je me moque de sa réaction. Ce n’est pas du tout dans ses habitudes d’être aussi réactive lorsqu’on la complimente.
Pour ma part, J’ai enfilé un short en jean bleu et un débardeur à volant noir. J’ai ondulé rapidement mes cheveux et rajouté juste ce qu’il faut de blush pour accentuer mon bronzage. Ce soir, ça va être la fête! Je repars bientôt et finir mon séjour par une fête sur la plage c'est juste royal.
(© Ce texte et certaines illustration sont la propriété de "les Désirs de Lola" et ne peuvent être reproduits ou propagés sans autorisation sous peine de poursuite)